dimanche 10 mars 2013 à 20h30
Court et long métrage
Une fois n'est pas coutume, nous sommes en mesure de vous proposer à la fois un court-métrage et un long-métrage du même réalisateur canadien, Denis Villeneuve.
Nous vous invitons, dans le cadre de la Journée Internationale de la femme, à voir un film qui n'a pas eu l'impact qu'il aurait mérité, même s'il était nominé pour l'Oscar du meilleur film étranger. Il a cependant remporté neuf prix à la 13e cérémonie des Jutra le 13 mars 2011, dont celui du meilleur film et du meilleur scénario.
Incendies est le quatrième long-métrage de cet habitué des prix décernés dans les festivals. Il aborde ici le thème de la quête des origines, du secret, de l'impossible pardon, en une tragédie âpre, intense en émotions, sur un rythme qui ne laisse aucun répit, et qui fait penser à une tragédie grecque. Inspiré d'un personnage réel, une militante libanaise, Souha Fawa Bechara, chrétienne orthodoxe devenue communiste, qui tenta d'assassiner en 1982 le chef de la milice chrétienne alliée à l'armée israélienne qui occupait le sud du Liban, c'est l'adaptation d'une pièce de Wajdi Mouawad, ayant pour titre « La femme qui chante ». Comme dans la pièce, le Liban n'est jamais nommé.
Le réalisateur a tenté d'explorer l'univers de Mouawad, en donnant au film une facture haletante et complexe de thriller. Il utilise son goût pour le travelling au ralenti, au plus près des visages des victimes et des bourreaux du conflit entre Chrétiens et Musulmans, sur une musique de Radiohead.
Denis Villeneuve a choisi Lubna Azawal, actrice francophone d'origine hispano-marocaine, pour incarner Nawal. "C'est une comédienne extraordinaire qui possède naturellement la force, le feu sacré de Nawal. Lubna est Nawal."
Deux heures de cinéma humble et fort à la fois. On en sort bousculé par la dureté des faits, et captivé par la force du récit.
Next floor a obtenu le Grand Prix Canal+ du meilleur court métrage en 2008 lors de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes.
En 1974, Luis Buñuel, dans "le Fantôme de la liberté" se jouait des conventions sociales et mettait en scène de typiques bourgeois réunis autour d'un table pour… déféquer. La nutrition, chose honteuse, était, elle, cachée dans un petit endroit au fond du couloir dans lequel on se séquestrait à double tour. Par contre, ici, onze convives entourés de musiciens, d'une valetaille afférée et d'un maître d'hôtel pour le moins inquiétant déchiquètent, absorbent, sucent, avalent, gobent, sans se cacher, les plats de chair animale qui se suivent et ne semblent pas avoir de fin.
Ce court métrage peut être interprété comme une vision altermondialiste du néolibéralisme, les majordomes représentants le prolétariat travaillant à fournir sans cesse les convives-bourgeois, qui s'engraissent frénétiquement sans trop se poser de question. Tout le monde entretient ainsi la boucle du capitalisme, qui débouche inévitablement sur des crises successives ne pouvant mener qu'à la chute des bourgeois.
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