thèmes : Culture, Société
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jeudi 7 avril 2016 à 18h30

Conférence de Sylvia Federici

Quand a commencé la relégation des femmes occidentales aux tâches
domestiques ? Quel est le rapport entre la « chasse aux sorcières », au
début des temps modernes (XVI-XVIIIe siècle), et le vaste processus
d'« enclosure », d'appropriation privée des biens communaux par les
seigneurs et les riches au détriment des paysans ? Comment se fait-il que, simultanément, l'Europe ait développé un colonialisme esclavagiste d'une terrible violence ? Toutes ces questions sont au cœur de l'œuvre de :

Silvia Federici, historienne et militante féministe, présente à St Antonin Noble-Val le 7 avril - à 18h30 dans la salle de la mairie pour une conférence et un échange avec interprétation de l'anglais au français.

« Mais la sorcière n'était pas seulement la sage-femme, la femme qui
évitait la maternité ou la mendiante qui vivotait en chapardant un peu de bois ou de beurre à son voisinage. Elle était aussi la femme immorale aux moeurs légères. Ainsi, dans les procès pour sorcellerie, la 'mauvaise réputation' était preuve de culpabilité. La sorcière était aussi la femme qui répondait, se défendait, jurait et ne pleurait pas sous la torture. Le mot 'rebelle' ne fait pas ici référence à une activité subversive spécifique dans laquelle les femmes peuvent être impliquées. Il décrit plutôt la personnalité féminine qui s'était développée particulièrement au sein de la paysannerie, dans le cours des luttes contre le pouvoir féodal, quand les femmes avaient été au premier plan de mouvements hérétiques, s'organisant souvent en associations de femmes, posant ainsi un défi grandissant à l'autorité masculine et à l'Eglise. (...) La chasse aux sorcière fut une guerre contre les femmes : une tentative concertée pour
les avilir, les diaboliser, et pour détruire leur pouvoir social. En même
temps, c'est dans les chambres de torture et sur les bûchers sur lesquels les femmes périssaient que les idéaux bourgeois de la féminité et de la domesticité furent forgés. »

Extrait de Caliban et la sorcière (Ed. Entremonde, 2014), p.336-338.

Sylvia Federici est née à Parme (Italie) en 1942. Elle a fait sa carrière
universitaire aux Etats-Unis et au Nigéria.

La conférence est organisée par un groupe d'habitant(e)s des environs et la librairie Le Tracteur savant.

Source : message reçu le 30 mars 01h