thème : Société
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vendredi 15 janvier 2016 à 20h30

Terrorisme GoPro et néodjihadisme à l'âge du capitalisme de crise - C. Homs

Terrorisme GoPro et néodjihadisme à l'âge du capitalisme de crise

Avec Clément Homs

Quand la marchandise se déploie, la violence se déchaine. Après les attaques contre le journal Charlie Hebdo, la tuerie antisémite dans un supermarché casher et les attentats du 13 novembre à Paris, le débat sur l'incompatibilité d'une culture « islamique » avec les « valeurs du monde occidental » a repris de plus belle. Quand il agite simultanément une aile droite populiste redoutant une « islamisation de l'Europe » et les apologètes de chez Freedom and Democracy portant haut et fort les « valeurs occidentales universelles » et leur « guerre de civilisation » (Manuel Valls), ce conflit est plus qu'explosif quand il ne nous conduit pas dans une impasse. Face à de telles absurdités, la gauche traditionnelle n'a fait qu'opposer les vieux arguments anti-impérialistes et une lecture géopolitique insistant unilatéralement sur la faute de l'« Occident ».

En abandonnant la critique de l'économie politique et toute forme de théorie critique, les frères ennemis du « choc des civilisations » et du « dialogue des cultures » ne jouent plus ici que le jeu en miroir d'une idéologie de crise commune ayant pour seul fond de sauce une lecture culturaliste atterrante.

En s'inscrivant en faux avec cette lecture, il s'agira ce soir d'avancer de toutes autres hypothèses : l'islamisme peut-il vraiment être expliqué à partir de la religion ? Loin de représenter une rechute en deçà des Lumières dans des formes prémodernes de la religiosité, l'islamisme et sa version hard power djihadiste ne représentent-ils pas une forme spécifiquement moderne de religiosité - le religionnisme -, qui a ses racines dans la désintégration de la société capitaliste en crise ? Tout autant que la « global war on terror » occidentale, le « jihad global » et les terroristes attaquant leurs cibles munis de caméras GoPro ne doivent-ils pas être compris comme la manifestation d'une phase avancée de la décomposition du capitalisme et de la pulsion de mort du sujet moderne ? Pour sortir du piège tendu par Daech peut-on encore se permettre de ne pas chercher à renverser le capitalisme ?

Clément s'appuiera ce soir-là sur la lecture du texte de Norbert Trenkle, « Pourquoi l'islamisme ne peut pas être expliqué à partir de la religion ? » et sur le séminaire d'Anselm Jappe « Le sujet moderne entre fétichisme de la marchandise et pulsion de mort » (Collège international de philosophie, Paris, 2014-2016)

Source : message reçu le 8 janvier 07h