vendredi 5 décembre 2014 à 20h30
Café-débat sur le nucléaire en France avec Jean-Jacques Delfour
Nous accueillerons ce soir, Jean-Jacques Delfour, auteur d'un récent ouvrage, La condition nucléaire. Réflexion sur la situation atomique de l'humanité (L'échappée, 2014).
Présentation du débat :
En France, malgré l'apparence, le nucléaire est tabou. Si quelques ONG, Greenpeace, Sortir du Nucléaire ou les Amis de la Terre, en disent tout le mal qu'elles peuvent, la critique reste une affaire pratique. Quelles actions ? Quelle efficacité médiatique ? Quelles alternatives ? Quelles contre-argumentations ad hoc ? La catastrophe de Fukushima, toujours en cours et hors de maîtrise, n'a guère changé la donne.
En face, l'union parlementaire sacrée entre droite et gauche et la minoration permanente des risques, le refus de divulguer les données, l'opacité quand ce n'est pas le mensonge, l'absence de débat public réel, l'invisibilité des nucléocrates, leur place dominante au sommet de l'ONU et au-dessus des États.
Dans les deux cas, le symptôme est le même : pas de pensée du nucléaire mais seulement des positions. Sorti de ces guerres d'arguments voire de slogans, le paysage intellectuel français est quasi désertique : aucune théorie de fond, quelques études locales (de sociologie le plus souvent), un peu de prospective qui évite le sujet.
Solidement appuyé sur des connaissances sérieuses, ce livre vient combler cette lacune en proposant un système d'hypothèses philosophiques qui permet de penser ensemble l'histoire, la technologie atomique, la société et le capitalisme nucléaires, en prenant pour concept clef la notion de « jouissance technologique » (utilisée dans un précédent livre Télé, bagnole et autres prothèses du sujet moderne, 2011).
Loin d'être seulement une technologie, bien au-delà de la catastrophe de Fukushima, le nucléaire est une structure de notre civilisation. D'où la notion de « condition nucléaire ». Le lecteur pourra en suivre la construction en examinant la compétence subtile des ingénieurs, la jouissance technoscientifique liée à l'invention d'éléments chimiques qui n'existaient pas dans la nature (les transuraniens), la mythologie de l'abondance énergétique, l'implication multiforme dans les réseaux nucléaires, le sourd désir d'explosion atomique, la banalisation du désastre, le démenti du jusnaturalisme par la thèse de la destructibilité de l'homme moderne, la constitution d'une domination oligarchique appuyée sur la puissance d'anéantissement et la terreur, l'érotisation de la nihilité atomique, l'invention de la catastrophe interminable, la conviction que là où ça explose le savoir doit advenir, la dévalorisation radicale de l'être humain, la sécurité comme impératif hypothétique, la contamination généralisée comme politique mondiale, la sidération publique et l'absence de pensée et d'art, l'exploitation des générations à venir, etc. Bref, notre « condition nucléaire ».
Contaminé-e-s de tous les pays, unissez-vous !
Source : message reçu le 1 décembre 20h